Des toilettes sèches en collège Voir la version PDF

Un collège du Pays basque a installé des toilettes sèches en mars 2024

Merci à REPORTERRE, le média hexagonal qui nous abreuve d’information sur les toilettes sèches. Dans cet article

Le collège Saint-Vincent n’est pas un établissement comme les autres, et il se trouve dans une ville pas comme les autres. Hendaye, au cœur du Pays basque, est une cité frontalière à la marge du territoire de la République. « Ce n’est pas tout à fait la France ici », constate Philippe Bancon, le directeur. Dans la rue comme dans la cour, la langue française n’est pas majoritaire, concurrencée par l’espagnol et l’euskara (la langue basque). Dans ce contexte culturel, le groupe Saint-Vincent (catholique et associatif), qui accueille 400 élèves répartis du CM1 à la 3e, ne fait pas les choses comme tout le monde. « En dix minutes, nous étions convaincus »

L’idée des toilettes sèches n’est pas apparue du jour au lendemain. Depuis le début des années 2000, Philippe Bancon s’intéresse à l’écologie. Il l’avoue, « 2018 a été un coup d’accélérateur dans [s]a vie personnelle comme dans l’établissement ». Un déclic provoqué par la lecture de l’ouvrage de Pablo Servigne et Raphaël Stevens Comment tout peut s’effondrer. « J’ai commencé par offrir un exemplaire à tout le personnel, professeurs et agents. »

Puis les actions se sont enchaînées. Plus de serviettes en papier à la cantine, fini les pochettes en plastique dans les classes, récupération des biodéchets de la cantine pour en faire du compost, travail sur la mobilité douce… La liste s’est allongée et lorsqu’est venue l’heure des travaux dans le collège, la question des toilettes a été envisagée. Rapidement résolue après une visite concluante.

« Nous nous sommes rendus dans une école à Saint-Germé dans le Gers, ils utilisent des toilettes sèches depuis plus de douze ans. Il ne nous a pas fallu plus de dix minutes sur place pour être convaincus. » L’établissement scolaire a souhaité aller encore plus loin et a installé également des urinoirs nouvelle génération.

L’établissement a ensuite été accompagné par l’Écocentre Pierre & Terre, comme en témoigne le reportage vidéo publié sur leur site : https://www.pierreetterre.org/college-saint-vincent-a-hendaye-pionnier-de-lassainissement-circulaire/

Les déchets récoltés viennent s’ajouter au compost constitué par les restes végétaux de la cantine. Ils amendent ensuite la terre du jardin pédagogique de l’école. Mais l’enjeu principal des toilettes au collège ne se situe pas vraiment à ce niveau. En réalité, peu d’élèves défèquent dans l’enceinte de l’établissement. « Je ne fais jamais caca ici, admet Pablo, mais cela n’a rien à voir avec les toilettes sèches, c’était déjà le cas avant. »

Dans les toilettes des garçons, on trouve aussi des urinoirs fabriqués par une entreprise voisine, basée à Saint-Jean-de-Luz. Le modèle Tipi leur permet de se soulager sans utiliser d’eau. « La seule chose que l’on rejette, c’est l’eau des robinets pour se laver les mains », se félicite le chef d’établissement. Au total, ce ne sont pas moins de 500 000 litres d’eau économisés.
 Côté filles, c’est sur le modèle Marcelle (fabriqué à Troyes) que les élèves urinent.

Comme chez les garçons, plusieurs urinoirs féminins sont disposés à différentes hauteurs pour que chaque fille puisse trouver celui qui lui correspond. Professeure principale d’une classe de 3e, Stéphanie Harguindeguy n’a pas eu de retours négatifs ni de la part des parents ni de la part des collégiens. « C’est neuf, il n’y a pas d’odeur et l’utilisation n’est pas compliquée, même les filles ont fini par adopter l’urinoir. »

L’installation d’une cuve enterrée de 12 m3 permet de récupérer l’or jaune et de le stocker. Vidé quatre à cinq fois par an, le réceptacle est le point de départ pour une revalorisation. L’urine contient de l’azote et devient ainsi un engrais naturel réutilisable. Philippe Bancon travaille donc à trouver de nouveaux débouchés pour cette ressource. « Nous avons déjà un partenariat avec les communes de Biriatou et Hendaye ainsi qu’avec le lycée agricole de Saint-Pée-sur-Nivelle, nous aimerions maintenant avoir un maraîcher et un agriculteur dans la boucle. »

Si aujourd’hui, les toilettes ne sont plus vraiment un sujet dans la cour ou en salle des professeurs, il a néanmoins fallu préparer le terrain. « Chaque enseignant a dû sensibiliser les élèves, ça s’est répété en plusieurs couches », se souvient Imanol Rattinacannou, professeur de SVT (sciences de la vie et de la Terre). Mais avant de convaincre les enfants, encore a-t-il fallu que chaque enseignant s’approprie le sujet. « Nous avons même fait des apéros dans les toilettes pour en discuter entre nous, l’idée était d’être au point avant d’en parler aux enfants. »

Plus que ces échanges en amont, ce que les professeurs retiennent, c’est l’appui que cela leur procure sur le plan pédagogique. « Sur de nombreux thèmes abordés en classe comme la raréfaction de l’eau ou la pollution par exemple, on peut raccrocher le cours à ce qui a été mis en place, ainsi ils font le lien avec quelque chose de concret », dit l’enseignant de SVT.

L’idée : préparer les jeunes aux enjeux du changement climatique. Dans un tel environnement, avec notamment l’exemple des toilettes sans eau, ils se rendent compte que des actions sont possibles. « Ainsi ils sont acteurs, ils changent les choses sans que ça leur coûte. »

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