Le 30 mars 2023 l’arrêté sur la « mise en œuvre d’une expérimentation portant sur le traitement des eaux ménagères » voyait le jour. Le dispositif à expérimenter est constitué de 3 Filtres à Broyat de Bois (FBB) alimentés en alternance par 3 tuyaux via un regard de répartition.
Cette expérimentation consiste à suivre trente projets pendant cinq ans, présenté dans l’article 3 comme un « échantillon représentatif des différents types d’installation et des milieux récepteurs » et projetant de « permettre un suivi opérationnel dans des conditions techniques et économiques acceptables. » [1]. Des formations sont dispensées.
Cette expérimentation a le mérite d’exister, de notre point de vue elle n’est pas source d’espoir, elle risque de retarder pour quelques années encore la mise en place de dispositifs de traitement par pédo-épuration.
Le principe de l’alternance est très malin, c’est sans aucun doute le plus intéressant pratiqué jusqu’à maintenant. Cela permet d’irriguer là où on estime qu’il y a besoin d’eau avec une grande souplesse concernant les volumes. Alors pourquoi diable se limiter à trois surfaces et à les implanter de sorte qu’on ne puisse plus les déplacer sauf à devoir tout refaire. Les tranchées d’infiltration conditionnées par des ouvrages fixes [2] représentent une auto-limite qui n’a guère de sens, elle complexifie la démarche et risque de freiner le passage à l’acte pour les foyers hésitants.
Lorsque l’expérimentation sera conclue il nous faudra sans doute installer le schéma strictement défini et encadré, sous peine de ne pas être dans les clous et de voir nos installations classées, de manière abusive, non conformes [3].
Comment valoriser nos eaux ménagères simplement, sainement et en harmonie avec le milieu ?
Par exemple des jeunes fruitiers peuvent nécessiter beaucoup d’eau leurs premiers étés, certaines fleurs manquent d’eau pendant cette même saison, la récolte des framboises et autres petits fruits sera améliorée si, alors que nous traversons un épisode de sécheresse pendant la phase de développement des fruits, on s’est donné les moyens de les irriguer, les artichauts ont besoin d’eau au repiquage, pour de belles pommes de terre ce sera plutôt à mi croissance… En construisant son dispositif sur le principe d’une distribution modulable il est possible d’irriguer nos cultures en fonction de leurs besoins.
Les incidents climatiques deviennent fréquents, les phases de sècheresse se multiplient, y compris dans les régions au climat tempéré. Parallèlement les populations ayant accès à l’eau courante produisent des eaux ménagères quotidiennement et ne savent pas toujours comment les traiter correctement [4]. Vu la faible charge des eaux ménagères et dans une perspective de valorisation nous pouvons les épandre par infiltration sur un sol vivant sans risque sanitaire ni environnemental [5], avec l’avantage d’y abreuver la végétation et de permettre à la faune d’y survivre. Cela se pratique depuis des siècles dans de nombreuses régions du monde, plus récemment aux 3 Amériques et dans des pays du Nord de l’Europe. Ce principe est maintenant reconnu en France par ce nouvel arrêté, de manière bien frileuse il est vrai, et dans la perspective de traiter un déchet, quel dommageable erreur !
Comme tout cela pourrait être simple. Encore faudrait-il que nous n’accordions plus aucune importance aux désidératas des gens de pouvoir, eux qui refusent de nous laisser choisir dans quel monde nous désirons vivre, eux qui doutent de notre capacité à évaluer nos besoins murement réfléchis et parfaitement justifiés, eux toujours qui font passer les impératifs économiques et industriels avant la préservation de la survie sur la planète terre.
Il est grand temps de reprendre la main sur ce qui nous concerne toute et tous, ceci dans le plus grand respect pour ce qui nous entoure !