Séparer les urines des matières fécales ? Enregistrer au format PDF

Article mis à jour le 16 décembre 2013

Théories divergentes [1].

Il n’est pas rare d’entendre "il faut absolument séparer les deux pour éviter les odeurs« ou au contraire »depuis que j’ai opté pour un système à déviation d’urine j’ai des odeurs et des mouches".

Pour avoir expérimenté les deux options [2] nous savons que ces deux points de vue contradictoires peuvent s’avérer vrai et faux.

Le sujet se situe ailleurs

et avant tout c’est à chacun ou à chaque groupe social de mener une réflexion pour choisir le système le mieux adapté à ses conditions propres.

Voici quelques éléments qui nous espérons vous aideront à prendre votre décision.

  • Dans un système de toilettes sèches à compost, matières fécales et urines sont mélangées. Ces dernières sont absorbées par les matériaux carbonés qu’ajoute l’utilisateur après chaque usage. Cet ajout, en plus de son rôle d’absorption, permet un rééquilibrage du rapport carbone/azote. Dans ce système les urines sont compostées avec le reste des matières et valorisées sous la forme d’humus apporté au sol comme amendement, nous allons nourrir le sol.
  • Dans un système de toilettes sèches à séparation ou déviation d’urine, ces dernières sont collectées séparément des matières fécale. Elles sont stockées puis utilisées ultérieurement sous forme liquide plus ou moins diluées avec de l’eau, nous allons nourrir les plantes. Les matières fécales rejoindront une filière de compostage ou de déshydratation avant d’être réintroduites dans le cycle agricole. Ce système offre l’avantage d’une réduction environ de 10 à 1 du volume de matières potentiellement pathogènes, mais le volume de compost produit sera très inférieur en quantité et en qualité à celui d’une toilette à compost.

Optique biologique et optique chimique

Il y a une différence assez importante entre l’optique biologique, nourrir le sol et l’optique chimique, nourrir les plantes. Pour approfondir la question vous pouvez vous reporter au paragraphe 1.4 du rapport produit en août 2005 par l’équipe « toilette à compost » d’ARESO d’où nous tirons les éléments suivants.

Optique biologique : l’intérêt premier des déjections animales est leur potentiel de participation à la stimulation de la vie du sol et à l’humification. Celle-ci requiert des matières végétales (dont la base est toujours la cellulose), des molécules azotées (provenant de la végétation mais toujours plus concentrées dans les excréments des animaux), et l’action des microbes aussi nombreux que divers. En mélangeant des déjections avec une litière végétale nous fabriquerons de l’humus par compostage. Les nutriments seront disponibles pour les plantes à mesure de la dégradation progressive de l’humus. De plus le lessivage de l’azote et la rétrogradation du phosphore seront évités pour peu que l’on adopte de bonnes pratiques culturales (apport de compost en quantité raisonnable, sols couverts en hiver…).

Optique chimique : il s’agit d’apporter à la plante cultivée les nutriments dont elle a besoin, sous des formes rapidement assimilables. Dans cette optique l’urine est un engrais complet liquide particulièrement riche en azote, analogue aux engrais azotés de synthèse, identique aux purins animaux quant à son utilisation.

En résumé :

  • l’urine est un engrais azoté à action rapide. Un dosage excessif peut être nuisible au sol et aux plantes. Ce n’est pas le cas avec le compost où les nutriments sont intégrés à l’humus sous des formes stables ;
  • l’urine doit être utilisée au bon moment. Par exemple de l’urine appliquée sur un terrain mal végétalisé juste avant une pluie ne profitera pas aux plantes et risquera de rejoindre les milieux aquatiques et de créer des déséquilibres. Bien utilisé et généralement dilué (de 5 à 10 fois) l’urine apportera l’azote nécessaire à la croissance des végétaux. Il est communément admis que l’urine produite par une personne en un an peut fertiliser entre 200 et 500 m2 suivant la qualité du sol et le type de culture ;
  • sous nos latitudes, en hiver, la végétation ne pousse plus. Les urines seront stockées jusqu’au printemps ou serviront pour l’arrosage du compost.

Maintenant à vous de décider si vous préférez séparer ou mélanger et ce que vous allez faire de ce super produit que nous excrétons quotidiennement.

[1Si vous voulez approfondir le sujet nous vous recommandons cet article de Joseph Országh ainsi que [http://www.eautarcie.org/index-fr.html] et celui d’ECOSANRES. Nous espérons que ces points de vue différents vous permettront de vous faire votre propre avis sur la question.

[2Dans deux toilettes familiales en région toulousaine le remplacement des toilettes à litière par des toilettes à déviation d’urine a provoqué dans l’une l’apparition de mouches et d’odeurs en été, dans l’autre de fortes odeurs en hiver.

Dans la même rubrique…

Mots-clés

Articles liés

Revenir en haut