Le campement Rom de la Flambère Enregistrer au format PDF

Résumé de notre intervention sur le plus grand campement Rom toulousain.

Cette action a été financée avec le concours de l’Agence de l’Eau Adour Garonne et grâce au prix « Héros de l’eau 2011 » attribué par Rainett et WWF.

Lors des phases préparatoires et des enquêtes participatives menées avec les habitants du terrain de la Flambère, à Toulouse, nous avons réalisé que la préoccupation visant à régler la question de la défécation relevait plus d’un problème de santé publique que du propre désir des habitants, ceux ci se satisfaisant plus ou moins par fatalisme de faire dans les hangars pour les hommes, à l’air libre pour les femmes, les enfants se débrouillant comme ils peuvent. Ils semblent disposés à changer leurs pratiques pour accéder à des toilettes en nombre suffisant et « normales », c’est-à-dire à eau ou sur fosse profonde, dans un cas comme dans l’autre prises en charge par la Mairie.

Ces populations ne veulent pas avoir à se préoccuper de gérer ce qui se passe au bout du tuyau, nous ne pouvons pas leur en tenir rigueur, de ce point de vue ils sont « normaux » comme 99% de la population de notre douce France.

Ayant eu confirmation que la Mairie ne pouvait pas installer un système « normal » nous avons essayé d’avancer dans la présentation des possibilités de toilettes sèches réalisables sur ce terrain. Comme revenait régulièrement le fait que n’ayant jamais vu les systèmes dont nous parlions ils craignaient l’odeur et n’étaient pas disposés à vider eux mêmes leurs excréments, nous avons donc construit début avril 2011 une toilette démonstrative, afin qu’ils puissent l’essayer et se rendre compte.

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La construction terminée, nous avons assuré un suivi régulier de l’utilisation de ces toilettes en rappelant aux utilisateurs les bonnes pratiques en terme de gestion (maîtrise des odeurs et entretien) tout en les sensibilisant aux notions de compostage. Toutefois, nous avons eu beaucoup de difficultés à ce qu’un groupe familial ou genré s’approprie cette unité pilote et se responsabilise vis-à-vis de l’entretien des toilettes. De ce fait, nous avons observé le non-respect des consignes d’entretien (maintien en bon état de propreté du plateau « à la turque ») et de gestion (ajout de sciure, brassage périodique du contenu de la cuve au moyen d’un râteau par la trappe arrière). Ce mauvais usage de la toilette a généré des nuisances olfactives.

Malgré nos nombreuses visites de suivi pour rappeler les consignes d’entretien, les habitants n’ont pas réussi à se prendre en charge collectivement, et finalement deux habitants ont décidé de condamner les toilettes-pilote en clouant la porte.

En réaction à notre construction qu’il jugeait trop contraignante, un jeune homme de l’autre bout du campement a décidé de construire une toilette telle qu’ils les connaissent en Roumanie. Aidé par ses frères et ses cousins il a creusé une fosse d’1m50 de profondeur, sur laquelle il a posé un plancher avec un trou « à la turque » et une cabine édifiée avec du bois de récupération. Une douzaine de membres de sa famille élargie l’utilise quotidiennement sans apport de matières sèches. Il prévoit de recouvrir le trou avec de la terre quand la fosse sera pleine et d’en creuser une autre plus loin. Cette technique est couramment utilisée partout dans le monde, y compris dans les campagnes roumaines, en absence de possibilité de raccordement à un collecteur d’égout.

Cette solution nous paraît moins satisfaisante que ce que nous proposions car, contrairement aux campements de Ginestous, la forte densité de population de la Flambère ne permettrait pas de généraliser ce système « d’Arbor-loo » nécessitant beaucoup d’espace disponible sur du long terme. Toutefois, cela représente déjà une franche amélioration par rapport à la situation actuelle de défécation à l’air libre (ou par rapport aux toilettes à eau rejetant directement en milieu aquatique). Les excrétas? retournent à la terre et ne sont pas entraînés par les eaux de ruissellement. Étant donné la faible profondeur de la fosse et la nature argileuse compacte du terrain, nous n’avons pas à craindre de contamination de la nappe par infiltration.

Toutefois, le travail à la Flambère a été très difficile du fait de la passivité des habitants. Selon nous cette passivité est entretenue par l’assistanat dont ils font l’objet (électricité, banque alimentaire, eau…). En ces conditions où d’autres font à leur place, ils nous est difficile de pratiquer une démarche d’accompagnement où ils seraient acteurs des changements dont ils ont besoin.

Les difficultés rencontrées à la Flambère ont été riches d’enseignements pour toute l’équipe et nous ont éclairé dans la rédaction du GAPS (Guide d’Accompagnement participatif sur la Précarité Sanitaire en France).

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